mai 2025

La Relation Dynamique entre Patrimoine et Économie : Un Moteur de Progrès par l’Attraction Touristique.

Mise contexte : Le Patrimoine, Bien Plus qu’un Héritage du Passé Le patrimoine, dans sa richesse et sa diversité, englobe bien plus que de simples vestiges du passé. Il constitue l’ensemble des biens, matériels et immatériels, hérités de nos prédécesseurs et que nous choisissons de préserver et de transmettre aux générations futures. Cette notion englobe des monuments historiques, des sites naturels d’exception, des traditions culturelles, des savoir-faire artisanaux, des paysages emblématiques, et bien d’autres éléments encore. Longtemps perçu comme une charge ou un poste de dépenses pour sa conservation, le patrimoine révèle de plus en plus son potentiel en tant que véritable levier de développement économique pour les territoires. Cadre Général : Le Patrimoine, un Catalyseur d’Attractivité et de Croissance Économique Dans un monde globalisé et compétitif, l’attractivité d’un pays ou d’une région est un facteur clé de son succès économique. Le patrimoine, sous ses multiples formes, joue un rôle fondamental dans cette attractivité. Il constitue une ressource unique et non délocalisable, capable d’attirer des flux importants de touristes et de visiteurs locaux, générant ainsi une dynamique économique vertueuse à plusieurs niveaux : Le tourisme représente un secteur économique majeur à l’échelle mondiale, en constante expansion, car les voyageurs recherchent de plus en plus des expériences authentiques et enrichissantes, profondément ancrées dans l’histoire, la culture et la nature des destinations qu’ils visitent. Un patrimoine riche et bien valorisé constitue un argument de choix essentiel pour attirer ces touristes, qu’ils soient de provenance internationale ou nationale. L’arrivée de ces touristes se traduit par une génération de revenus directs dans divers secteurs d’activité, incluant l’hébergement au sein d’hôtels et de locations, la restauration dans les restaurants et les cafés, le transport via les compagnies aériennes, la location de voitures et les transports locaux, les activités de loisirs et culturelles telles que les visites de sites, les musées et les spectacles, ainsi que le commerce par l’achat de souvenirs et de produits locaux, contribuant de manière significative au Produit Intérieur Brut (PIB) du pays ou de la région concernée. De plus, le secteur du tourisme, stimulé par la valorisation du patrimoine, est un important créateur d’emplois à différents niveaux de qualification, allant des guides touristiques aux employés d’hôtels et de restaurants, en passant par les artisans locaux, les gestionnaires de sites et les professionnels de la culture, ce qui peut avoir un impact social significatif, en particulier dans les régions où les opportunités d’emploi sont limitées. L’attrait touristique lié au patrimoine peut également inciter les pouvoirs publics et les investisseurs privés à entreprendre le développement et l’amélioration des infrastructures nécessaires à l’accueil des visiteurs, telles que les routes, les transports en commun, les aéroports, les hôtels et les centres d’information touristique, infrastructures qui bénéficient non seulement aux touristes, mais également à la population locale, améliorant ainsi leur qualité de vie et favorisant le développement économique général. Par ailleurs, le tourisme patrimonial met souvent en lumière la valorisation des produits locaux et de l’artisanat traditionnel, car les touristes, en quête d’authenticité, sont plus susceptibles d’acquérir des produits régionaux, contribuant ainsi au maintien des savoir-faire locaux et au développement des petites entreprises. Sur le plan financier, l’activité économique générée par le tourisme lié au patrimoine se traduit par des retombées fiscales accrues pour l’État et les collectivités locales, à travers les taxes de séjour, la TVA sur les dépenses touristiques et les impôts sur les bénéfices des entreprises du secteur, recettes qui peuvent ensuite être réinvesties dans la conservation et la valorisation du patrimoine, créant ainsi un cercle vertueux. Enfin, un patrimoine riche et bien mis en valeur contribue au rayonnement international d’un pays et à la construction d’une image de marque positive, où les sites patrimoniaux emblématiques deviennent des symboles nationaux, attirant l’attention des médias et des voyageurs du monde entier. Haïti : Un Patrimoine Exceptionnel, un Potentiel Économique en Dormance Haïti possède un patrimoine d’une richesse exceptionnelle, un véritable creuset d’histoires épiques, de cultures métissées et de beautés naturelles intactes. Ce pays a tous les atouts pour devenir une destination touristique de premier plan, avec des sites emblématiques comme la majestueuse Citadelle La Ferrière, symbole de la liberté conquise, et les couleurs vibrantes de son art, sans oublier la splendeur de ses paysages. Son histoire est marquée par un événement mondial majeur : la création de la première république noire indépendante, un récit de courage et de résilience gravé dans ses monuments et sites historiques, captivant ainsi les visiteurs du monde entier. La culture haïtienne, exubérante et unique, est le fruit d’un mélange d’influences qui s’exprime avec force dans l’art, la musique, la danse et les traditions, offrant une expérience immersive et authentique. La nature haïtienne, préservée et éblouissante, s’étend des montagnes luxuriantes aux plages idylliques, constituant une biodiversité qui est un trésor à découvrir. Ce potentiel immense pour l’écotourisme et le tourisme d’aventure est un atout majeur. Cependant, transformer ce patrimoine en moteur économique se heurte à des défis importants : manque d’investissement chronique, infrastructures touristiques sous-développées, problèmes de sécurité persistants et déficit de promotion à l’échelle internationale. Malgré ces obstacles, les opportunités sont considérables. L’authenticité et l’unicité de l’offre haïtienne, l’intérêt croissant pour le tourisme historique et culturel, le potentiel de l’écotourisme et le lien puissant de la diaspora avec sa terre d’origine sont autant d’atouts à valoriser. En conclusion, le patrimoine d’Haïti n’est pas une relique du passé, mais un investissement stratégique pour l’avenir. En valorisant son héritage unique, en surmontant les défis avec détermination et en misant sur l’attraction touristique, Haïti peut transformer son trésor caché en une source de prospérité durable, créant des emplois, stimulant son économie et rayonnant sur la scène internationale. Il est temps de faire de ce patrimoine non seulement une fierté, mais aussi le moteur d’une véritable renaissance économique. Sources : Article de Jean Rony GUSTAVE Université du Québec à Montréal publié dans les classiques des sciences sociales, la revue Leaves est dédiée à l’étude des mondes anglophones, dans une perspective culturelle, littéraire et linguistique, Wikipédia.

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12 Janv 2010-12 janv 2025 | 15 ans plus tard, a t-on appris la leçon.

Un séisme est une manifestation brutale de l’énergie accumulée dans la croûte terrestre. Ce phénomène est provoqué par le mouvement des plaques tectoniques, ces immenses morceaux de l’écorce terrestre qui flottent sur le manteau en perpétuel mouvement. Lorsque les contraintes à la limite des plaques ou le long des failles deviennent insoutenables, l’énergie emmagasinée est libérée sous forme de vibrations, provoquant un tremblement de terre. Haïti, située sur la jonction des plaques nord-américaine et caraïbe, est traversée par plusieurs failles sismiques, notamment la faille d’Enriquillo-Plantain Garden, responsable du séisme d’une magnitude de 7,0 survenu le 12 janvier 2010. Ce jour-là, en 35 secondes, Port-au-Prince et ses environs furent dévastés. Le bilan humain fut effroyable : environ 230 000 morts, des centaines de milliers de blessés, et plus d’un million de sans-abris. Cette tragédie aurait pu être atténuée si des mesures d’aménagement du territoire et des régulations sur les constructions avaient été en place. Mais 15 ans plus tard, qu’en est-il ? Force est de constater que les leçons de 2010 n’ont pas été pleinement assimilées. Les constructions anarchiques prolifèrent toujours, souvent sur des zones à haut risque sismique. L’État haïtien, malgré quelques efforts, peine à imposer une réglementation stricte en matière de construction et d’urbanisme. Le manque de planification et de contrôle expose encore aujourd’hui la population à des dangers considérables. Cependant, cette situation reflète aussi une responsabilité partagée : chaque citoyen a un rôle à jouer dans la prévention des risques. La menace sismique est toujours présente. La faille qui passe près du Cap-Haïtien, accumulant énergie et tensions depuis des décennies, pourrait se rompre à tout moment. Les conséquences d’un tel événement seraient catastrophiques, avec un risque élevé de tsunami. Si un séisme de cette ampleur devait se produire, le bilan pourrait être encore plus dramatique qu’en 2010. Il est donc impératif que les autorités à tous les niveaux prennent au sérieux la question de la prévention des catastrophes naturelles. La mise en place de règles strictes d’urbanisme, la sensibilisation de la population et la formation en gestion des risques sont essentielles. Par ailleurs, chaque citoyen doit comprendre l’importance de ces mesures et y adhérer. Ce n’est qu’en agissant ensemble que nous pourrons éviter de revivre une tragédie semblable à celle du 12 janvier 2010.
 Jonathan M. St vil

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Tips pour éviter de se faire pirater

1-Utilisez un mot de passe/code PIN Fort et unique La première ligne de défense réside dans la sécurisation de l’accès à votre appareil, votre compte . L’emploi d’un mot de passe ou d’un code PIN complexe et unique, combiné à l’activation de la biométrie , érige une barrière initiale significative contre les accès non autorisés. Évitez les combinaisons évidentes comme « 1234 » ou votre date de naissance. 2-Mettez à jour régulièrement le système d’exploitation et vos applications Maintenir le système d’exploitation et les applications à jour est tout aussi crucial, car ces mises à jour colmatent les vulnérabilités exploitées par les cybercriminels. L’installation d’un logiciel de sécurité/antivirus réputé agit comme une sentinelle vigilante, détectant et neutralisant les menaces potentielles. 3-Soyez vigilant quant aux réseaux Wi-Fi publics. Naviguer sur des réseaux Wi-Fi publics non sécurisés expose votre appareil à des risques d’accès par des tiers malveillants. L’utilisation d’un VPN est essentielle, car il établit un tunnel chiffré pour votre trafic internet. Évitez de saisir des informations sensibles (mots de passe, bancaires), lorsque vous êtes connecté à ces réseaux. Dans la mesure du possible, pour les transactions importantes ou la manipulation de données confidentielles, il est fortement recommandé de privilégier l’utilisation de vos données mobiles ou d’une connexion directe et sécurisée à votre fournisseur d’accès internet. 4-La sécurisation de nos comptes de réseaux sociaux, Tels qu’Instagram, TikTok, Facebook, les comptes Google, Icloud suit les mêmes principes fondamentaux : des mots de passe robustes et uniques et l’activation de l’authentification à deux facteurs. Ces plateformes, riches en informations personnelles, sont des cibles privilégiées pour les cybercriminels. 5-liens et sites suspects Évitez de cliquer sur des liens suspects qui pourraient mener à des sites de phishing ou à l’installation de logiciels malveillants. Soyez prudent lorsque vous téléchargez des applications. Téléchargez-les uniquement depuis les boutiques d’applications officielles (Google Play Store, Apple App Store). Examinez régulièrement les autorisations accordées aux applications installées sur votre téléphone. Révoquez l’accès aux données qui ne sont pas nécessaires à leur fonctionnement. 6-Prendre des Mesures rapides en Cas de Vol Active la localisation et le verrouillage à distance : Si ton téléphone est perdu ou volé, tu peux le localiser et le verrouiller à distance via des services comme « Find My iPhone » ou « Find My Device ». Malgré toutes ces précautions, le risque demeure. Dans une telle éventualité, une réaction rapide et méthodique est cruciale. Il faut contacter immédiatement son opérateur pour suspendre la ligne et bloquer la carte SIM (si vous tenez à ce numéro. Changez immédiatement les mots de passe de tous vos comptes importants (e-mail, réseaux sociaux, banque en ligne, etc.) depuis un autre appareil ou révoquez l’accès de l’appareil volé à vos comptes.Contactez votre banque et les émetteurs de vos cartes de crédit/débit pour les informer du vol et demander le blocage de vos cartes.

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III – Entre changement et réforme, la constitution de 1987 sur le banc des accusés

Nombreux sont ceux qui pensent aujourd’hui que la Constitution haïtienne de 1987 serait déjà essoufflée, voire en déphasage par rapport à de nouvelles réalités socio-politiques qui exigeraient que la volonté constituante soit à nouveau exprimée. Nous pensons qu’il y a deux façons d’aborder cette question. D’abord, d’un point de vue purement constitutionnaliste, il est flagrant que le système de répartition des pouvoirs est foncièrement conflictuel. En effet, en décidant de ne pas mettre en place les mécanismes d’un strict équilibre des pouvoirs, les constituants ont trop misé sur le jeu politique. Sachant que celui-ci ne peut s’empêcher de les mettre en compétition de façon à ce que l’un cherche constammentà nuire à l’existence de l’autre. Ensuite, politiquement, on ne saurait dire que nos acteurs, nos élus, se sont toujours montrés enclins au respect de la lettre de la constitution. Mentionnons entre autres les pratiques de marchandage, les soupçons de corruption quand il s’agit pour l’exécutif et le législatif de collaborer afin d’investir dans ses fonctions un chef de gouvernement ; la réticence de l’exécutif quand il est question d’organiser les élections dans les délais prescrits ; la propension malicieuse de l’exécutif à profiter des périodes transitionnelles pour légiférer par décret… A croire que le problème proviendrait davantage de l’application de la constitution que de son applicabilité. Dans ce procès de la Constitution haïtienne du 29 mars 1987, il serait inconvenable et négligent de notre part si on se refusait le droit de pointer du doigt l’illusion des constituants au sujet de ce que seraient nos honorables députés et sénateurs du peuple, voire de la politique haïtienne en général. Nous imaginons qu’en proclamant une telle suprématie de l’AN, ils avaient en tête l’image d’un parlement guidé par une logique de parti : tel parti majoritaire guide l’Assemblée pendant un certain temps sans remettre en cause l’existence de l’autre ou des autres, le temps que ceux-ci puissent à leur tour prendre les rênes. Mais au fil du temps, la réalité est tout à fait autre. Nous avons plutôt à faire à une kyrielle de partis qui s’apparentent davantage à des factions, incapables pour la plupart de proposer un projet de société ou de se forger une identité. Comme conséquence directe, le vote du peuple est la plupart du temps fragmenté, le principe majoritaire devient une idylle. Cette « pénurie de majorité » associée à un peuple peu cultivé politiquement ne fait que compliquer l’application effective de la Constitution et remettre en cause la démocratie même en Haïti. […] Tout compte fait, nous voulons terminer ce travail en abordant la question de la réforme ou du changement de constitution qui maintient depuis quelques temps l’actualité en haleine. Précisons d’emblée que la première et principale différence entre « amender » et « changer » de Constitution tient au fait que chacun fait appel à un type de pouvoir spécifique. Alors que celui-ci fait intervenir le pouvoir constituant originaire, celui-là fait intervenir le pouvoir constituant dérivé. Comme son nom l’indique, ce dernier dérive et tire sa légitimité du pouvoir constituant originaire car il est toujours institué dans la lettre de la Constitution. En d’autres termes, il revient au pouvoir constituant originaire d’instituer le pouvoir constituant dérivé ou de prévoir les mécanismes de réforme ou d’amendement de la Constitution. Par exemple, dans le Titre XIII de la Constitution, il est explicitement prévu le mécanisme par lequel celle-ci peut être modifiée. Le pouvoir constituant dérivé qui est établi et reconnu c’est l’Assemblée Nationale, et ceci de façon souveraine car elle n’a pas besoin de consulter le peuple pour s’y prendre. Il suffit d’avoir l’adhésion et le vote positif d’au moins 2/3 des membres des deux chambres, avec un quorum de 2/3 au moins des membres présents. Il va donc sans dire que toute la complexité de la situation actuelle revient surtout au fait qu’il n’y a aucune législature en cours pendant cette période de transition. Afin de profiter de ce moment de sursis constitutionnel, plus d’un s’accrochent à l’idée de faire d’une pierre deux coups : changer de constitution avant que des élections générales ne s’organisent dans le pays. Cependant, nous pensons qu’il n’est pas du tout l’heure de se livrer à l’euphorie. Cela est-il suffisant pour faire appel au pouvoir constituant originaire ? Le pouvoir constituant originaire est un pouvoir qui intervient généralement dans un contexte d’absence de constitution ou de vide juridique. Celui-ci, s’il ne s’auto-crée sous l’action de l’ordre naturel des choses, est le plus souvent voulu par toutes les forces d’un corps social ou d’une communauté humaine. Deux exemples. En 1804, la République d’Haïti est proclamée au prix d’une sanglante conquête d’indépendance par les armes. L’éradication des français sur l’ile fut accompagnée de celle du droit colonial également. Par conséquent, dans la vie juridique de Saint-Domingue ce qui en restait ce fut un vide total. Voilà pourquoi en 1805, Dessalines mit en exécution le pouvoir constituant originaire pour doter le pays de sa première Constitution. Autre exemple, après la chute de Jean-Claude Duvalier, toutes les forces vives de la nation, de la classe politique à la société civile, ont manifesté leur volonté de faire table rase de l’ordre juridique existant. On a effectivement fait le vide, puis le plein avec la Constitution qui est en procès aujourd’hui. Certes, « un peuple a toujours le droit de revoir, de réformer et de changer sa Constitution, une génération ne pouvant assujettir à ses lois les générations futures » . Mais la question idoine est de nous demander si cette Constitution de 1987 est oppressante ?

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La Constitution haïtienne de 1987 à l’heure d’une éventuelle réforme

Trente-huit ans après son adoption, la Constitution haïtienne de 1987 demeure un texte à la fois symbolique et controversé. Conçue pour tourner la page de la dictature des Duvalier et établir un État de droit démocratique, cette charte fondamentale n’a pourtant jamais été pleinement appliquée. Aujourd’hui, alors que les autorités de transition envisagent sa révision, il convient d’en dresser un bilan critique. La Constitution de 1987 était porteuse d’importantes avancées démocratiques. Elle visait à limiter les abus du pouvoir exécutif par l’interdiction des mandats présidentiels consécutifs et le renforcement du Parlement. Elle garantissait les droits fondamentaux et prévoyait la décentralisation du pouvoir par la création des collectivités territoriales. Ces principes répondaient aux aspirations légitimes du peuple haïtien après des décennies de dictature. Pourtant, son application s’est heurtée à de nombreux obstacles. L’instabilité politique chronique, marquée par des coups d’État, des gouvernements illégitimes et des élections contestées, a empêché son ancrage démocratique. Certaines dispositions, comme les règles complexes de ratification du Premier ministre, ont créé des blocages institutionnels récurrents, transformant parfois le Parlement en une « dictature législative ». L’absence de Conseil constitutionnel indépendant a laissé le champ libre à des interprétations partisanes. Les dysfonctionnements sont patents. La prolongation illégale des mandats présidentiels et parlementaires est devenue une pratique courante. Le processus de nomination du Premier ministre donne lieu à des marchandages politiques paralysants. L’indépendance formelle de la justice n’a pas empêché corruption et ingérence politique. Dans ce contexte, le débat sur une révision constitutionnelle s’intensifie. Certains acteurs plaident pour un renforcement du présidentialisme,d’autres préconisent au contraire un système semi-présidentiel ou parlementaire pour éviter les dérives autoritaires. Mais cette discussion soulève une question fondamentale : un simple changement de régime suffira-t-il à résoudre les problèmes structurels du pays ? La véritable interrogation porte sur l’opportunité même d’une nouvelle Constitution. À quoi bon modifier la Loi fondamentale si la pratique persistante reste celle de la non-application des lois ? La Constitution actuelle contient déjà des mécanismes pour assurer l’équilibre des pouvoirs et protéger les droits citoyens. Le problème ne réside pas dans le texte lui-même, mais dans son non-respect systématique. Plus grave encore, toute révision constitutionnelle se heurte à un obstacle juridique majeur. L’article 284.3 de la Constitution en vigueur interdit expressément le recours au référendum pour la modifier. Cette disposition rend suspect tout processus de révision qui ne respecterait pas scrupuleusement les procédures légales établies. Avant d’envisager une nouvelle Constitution, ne faudrait-il pas d’abord apprendre à appliquer correctement celle qui existe ? L’histoire politique haïtienne montre que les meilleures lois restent lettre morte sans volonté politique de les respecter. Si la classe politique continue de fonctionner dans l’opacité et le mépris des règles, une nouvelle charte fondamentale ne sera qu’un n simulacre de changement dans un système qui refuse toute réforme en profondeur. La solution ne réside peut-être pas dans un nouveau texte constitutionnel, mais dans une rupture radicale avec les pratiques qui ont miné la démocratie haïtienne depuis des décennies. Sans cette remise en question fondamentale, toute réforme constitutionnelle risque de n’être qu’un exercice de style sans impact réel sur la gouvernance du pays. Jonathan M. St vil

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